15 Oct Comment lutter contre la fatigue, l’énervement et les pertes de concentration en open space ?
Entendre et surtout comprendre lorsque les informations nous concernent ou nous intéressent, et au contraire, ne pas entendre et surtout ne pas comprendre lorsque les informations sont susceptibles de nous parasiter ! C’est le dilemme auquel est confronté notre système auditif au bureau. Profitons de la Semaine de la santé auditive au travail pour pousser l’analyse cognitive un peu plus loin.
En premier lieu, admettons que la mission confiée à nos oreilles et à l’ensemble de notre mécanique perceptive et cognitive qui détecte puis identifie un signal sonore est très ardue. L’enjeu pour notre cerveau (et cela vaut bien entendu pour toutes les modalités sensorielles) est d’extraire parmi une infinité d’informations disponibles (ici des modulations de fréquences sonores) celles qui présentent une signification particulière, un intérêt. Cette détection se fait, notamment, sur la base de la familiarité des données à disposition. En gros, plus une information est connue, plus elle est facilement et rapidement extraite du bruit de fond. C’est le fameux « effet cocktail party » qui nous rend capable d’isoler notre prénom prononcé à la table d’à côté alors que nous n’entendons pas le reste de la conversation couverte par le bruit des échanges des convives présents à notre propre table. Et effectivement, en modalité auditive, notre prénom correspond à une stimulation particulièrement fréquente, donc plus facile à identifier.
La perception auditive correspond donc à un subtil équilibre entre la capacité de nos oreilles et de nos nerfs auditifs à capter et transmettre correctement les signaux et la capacité de nos cerveaux à traduire, donner du sens aux informations entendues. Dans ces conditions, l’environnement sonore joue un rôle prépondérant. Ainsi en changeant de modalité visuelle pour les commodités de la démonstration, je présume que vous n’aurez aucune difficulté à lire les lettres A B C dans l’image proposée plus haut. De la même manière, vous n’aurez aucune difficulté non plus à transformer mentalement votre B en chiffre, en lisant la série de haut en bas cette fois.
Étonnant non ? Eh bien en modalité auditive c’est la même chose, l’environnement sonore a un impact énorme sur la qualité de ce que nous percevons. Plus le contexte est calme plus le travail de détection et de reconnaissance du signal par le cerveau est facile et sans effort. C’est pourquoi sans même s’approcher des recommandations de l’OMS pour les volumes sonores en travail de bureau (50 db), les environnements trop bruyants et le brouhaha sont particulièrement fatigants et inefficaces lorsqu’il s’agit de comprendre un message qui est de fait plus complexe à reconstituer, car noyé par des bruits parasites. Ce qui constitue un effort inutile et générateur d’agacement. Nous retrouvons là la difficulté à comprendre autre chose que son prénom à la table d’à côté décrite dans l’effet cocktail. A la différence que nous pouvons toujours quitter nos « mondanités » lorsque nous en avons assez de ne plus rien comprendre de ce que les autres racontent. Ce qui n’est pas vraiment le cas au boulot !
Si le bruit fatigue énormément en complexifiant les traitements et la compréhension du discours et autres messages sonores il rend également beaucoup plus difficile la concentration. En effet, les fréquences sonores associées à la parole sont privilégiées par notre cerveau et interfèrent fortement avec les activités que nous sommes en train de réaliser. Les haussements de ton, et les éclats de voix sont très vites détectés par notre système auditif car potentiellement associés à une source de danger comme tous les signaux chargés d’émotions. Idem lorsque des collègues se mettent à parler, même à voix basse, d’un sujet « technique » en lien avec notre activité. Ici le fait d’être expert du domaine (à l’image de la reconnaissance de notre prénom) rend les informations plus prégnantes pour notre cerveau et l’effort pour les ignorer (en science cognitive on parle d’inhibition) est plus important que si nos collègues parlaient d’un sujet qui nous est totalement étranger.
En conclusion, qu’il s’agisse de bien comprendre ce que l’on nous raconte ou de ne pas comprendre pour ne pas être dérangé lorsque nous avons besoin de nous concentrer, les bruits de fond et plus particulièrement les conversations non pertinentes s’avèrent délétères, et génèrent dans tous les cas de la fatigue intellectuelle et auditive.
La solution miracle : le silence… ou presque !
Celui-ci peut bien sûr être reconstitué de manière artificielle comme dans l’industrie, le BTP… à coup de bouchons d’oreilles ou de casques anti bruit, mais il doit aussi être intégré plus fréquemment dans les pratiques pourtant très collaboratives des travailleurs en open space. En d’autres termes, pour le confort et la performance intellectuelle de tous, il faut impérativement reconstituer des espaces et/ou des moments de silence dans les bureaux de manière à ce que nous puissions atteindre un état de concentration approfondi.
Concrètement, si votre environnement de travail ne vous permet pas d’atteindre des conditions sonores confortables et propices à la performance intellectuelle (max 50 db recommandés par l’OMS), n’hésitez pas à :
- porter des protections individuelles contre le bruit (casque passif ou actif),
- vous isoler dans des espaces de travail silencieux,
- utiliser des sons ou musiques de concentration pour constituer un filtre sonore couvrant plus particulièrement les fréquences de la parole.
Pour vous concentrer, notre top 3 de musiques de concentration My Mental Ecologie Pro
Gaël Allain Directeur scientifique de My Mental Energy Pro
Pour aller plus loin >Petit guide de survie au bruit et au stress au travail – Association Journée Nationale de l’Audition – Edition Josette Lyon
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